Zone et châtiment – T. Dalrymple

Description

Zone et châtiment est la traduction inédite du best-seller de Theodore Dalrymple, Life at the Bottom et aborde la paupérisation de l’Angleterre, la destruction de la cellule familiale et les ravages des grandes idées d’une certaine élite intellectuelle londonienne.

Extraits du livre

« La police a perdu le courage ou la volonté précisément en même temps que se sont affaiblies, voire éteintes, les contraintes sociales informelles mais fortes sur le comportement personnel, qui faisaient autrefois de l’Angleterre un pays si civilisé – des contraintes telles que la peur du qu’en-dira-t-on. Cette absence de contraintes internes et externes a permis à l’homme « naturel » d’émerger, et loin d’être une créature délicieuse, il s’est révélé un psychopathe dépourvu de charme. L’homme est un loup pour l’homme, et plus particulièrement pour la femme. Naturellement, les tendances sociales ne touchent pas tous les secteurs de la société de la même manière. La faiblesse de la police affecte principalement les pauvres, ceux-là mêmes dont l’intelligentsia prétendait qu’ils bénéficieraient d’une police moins rude. Il est vrai que les classes moyennes n’ont pas été épargnées non plus: elles paient des primes d’assurance de plus en plus élevées pour leurs maisons et leurs voitures et s’inquiètent comme jamais des cambriolages. Même les cambrioleurs, en rentrant chez eux, pensent en premier: « Est-ce qu’on m’a cambriolé ? » Mais ce ne sont là que des préoccupations insignifiantes par rapport au sentiment d’insécurité personnelle omniprésent et permanent qu’éprouvent mes patients, où qu’ils se trouvent. Ils craignent les délinquants parce qu’ils savent que la police ne leur offre aucune protection.

Mes amis de la classe moyenne ont du mal à croire, et encore plus à comprendre, à quel point la peur de la criminalité domine la vie des habitants des quartiers pauvres. Un grand nombre de mes patients m’ont dit qu’ils sortaient le moins possible de chez eux par crainte d’être agressés ou cambriolés. Chaque semaine, je rencontre des patients qui l’ont été trois fois ou plus en une seule année ; la semaine dernière, j’ai reçu une patiente que les enfants de la maison voisine lapident – lui jettent littéralement des pierres, à chaque fois qu’elle sort de chez elle. Ils ont brisé ses fenêtres à d’innombrables reprises et ont enduit les murs de sa maison d’excréments pendant qu’elle était sortie. Personne n’a jamais été arrêté pour ces délits et elle a renoncé à en informer la police.

La prétention des intellectuels – qui n’a pas été sans effets pratiques dans le monde réel, hélas – que la police ne serait que le bras exécutif d’une bourgeoisie hypocrite déterminée à préserver ses biens mal acquis aux dépens des pauvres, est d’une superficialité terrifiante lorsqu’elle est confrontée à l’expérience des personnes qui souffrent de la faiblesse de la police. L’idée qu’un ordre social plus juste rendrait la police superflue est un non-sens utopique. Une force de police fiable et digne de confiance n’est pas un déni de liberté mais une condition préalable à son exercice. »

Theodore Dalrymple

Theodore Dalrymple est le pseudonyme d’Anthony Daniels, médecin psychiatre, né à Londres en 1949. Il est considéré comme « l’Orwell de notre époque » par plusieurs philosophes anglophones (David Pryce-Jones, Myron Magnet, Denis Dutton). Curieux de comprendre la méchanceté des hommes, il a beaucoup voyagé, notamment dans les pays communistes et en Afrique. De 1990 à 2005, il a travaillé dans l’hôpital attenant à la prison de Birmingham (Angleterre). Méditant sur ses expériences et ses rencontres souvent terribles, il a contribué à de nombreuses revues, comme The British Medical Journal et The Spectator, et ses essais ont été traduits en plusieurs langues. 

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